Hommage au chanoine Roussel

(1913 - 1985)


lumitra sorcier glouton

Le chanoine Roussel : un écrivain

Voici une critique de l'ouvrage Classicisme musical français et piété chrétienne écrite par J.Lechat, critique musical du journal Ouest France et organiste de St Stanislas de Nantes :

Le renouveau liturgique et les intentions louables qui l'inspirent, ne vont point sans légitimer quelque inquiétude chez les "musiciens d'église" qu'ils soient compositeurs, interprètes ou qu'ils appartiennent à cette immense phalange des chanteurs et choristes.
Ce livre est né du désir de mieux faire connaître nos grands classiques français et notamment cette école qu'on peut appeler "de Versailles", pour que tous les musiciens soucieux de vérité sachent que leur art ne fait nullement figure de parent pauvre au grand siècle, à l'heure où le théâtre, l'architecture et les arts plastiques atteignent la perfection que l'on sait.
Parti des prédécesseurs, tels Bouzignac ou Eustache du Caurroy, Nicolas Formé ou Henri Dumont, l'auteur nous mène à Lulli puis aborde les "trois grands" : Michel-Richard de Lalande, Marc-Antoine Charpentier et François Couperin, évoque Grigny, Nivers, Marchand, Clérambault, Daquin, puis ces "brillants seconds que furent André Campra, Nicolas Bernier, Esprit Blanchard.
Certes - et il s'en défend - l'abbé Roussel ne prétend point en un seul ouvrage embrasser un sujet qui demanderait plusieurs volumes. Il souhaite simplement que ce travail ne reste pas sans lendemain et ne soit que le "prélude à des études particulières plus complètes".
Du moins a-t-il le mérite d'aborder la piété personnelle des musiciens de Louis XIV, source de leur inspiration ; d'envisager ensuite comme conséquence logique, la notion de qualité dans le chant sacré, et de situer les conditions et les limites de la musique "liturgique" et de la musique "religieuse".
Ecrit d'une plume alerte qui sait ici et là, et toujours fort à propos, décrocher de cinglantes vérités et démasquer l'imposture, ce livre arrive à point pour aider à faire la lumière dans un domaine où d'aucuns sèment à plaisir la confusion, le chaos et l'erreur. S'appuyant sur quelques citations des Encycliques, il peut et doit aider à une meilleure connaissance et à une plus large diffusion des motets et psaumes des classiques français qui répondent si admirablement au véritable but de la musique religieuse : apporter "l'amour des choses d'en-haut et le sens de Dieu".
Ce témoignage a d'autant plus de prix à nos yeux qu'il émane non seulement d'un humaniste mais aussi d'un musicien qui sans vouloir s'inféoder à quelque coterie que ce soit, a toujours superbement prêché d'exemple et montré, par ses auditions à la cathédrale de Versailles et en la chapelle Royale du château qu'il n'était homme à transiger ni avec la vérité ni avec la qualité. On lira donc ce livre avec autant d'intérêt que de profit et c'est de tout coeur que, pour notre part, nous lui souhaitons la plus large audience.

J. Lechat

En savoir plus sur l'association - Envoyer un maillumitra