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Le Mai musical de Versailles
Le chanoine Roussel fut incontestablement un moteur du Mai de Versailles, ardent défenseur de l'apostolat par la Musique Sacrée. Après un premier Mai de Versailles 1960 en demi-teinte, le Conseil Municipal publie un compte rendu dont il (le chanoine) fait un commentaire intitulé : Versailles est-elle condamnée au sommeil... dont voici quelques extraits qui montrent l'engagement du chanoine Roussel :
On a voté cinq millions légers pour le Festival du Cinéma, dans notre ville : personne, à ma connaissance, n'a manifesté le moindre étonnement. Et pourtant, le "Septième Art" est largement subventionné, ses vedettes empochent des sommes astronomiques et les films les plus courus sont oubliés après un an d'existence. Que l'on aide de façon équivalente la musique, et la subvention est tenue pour un gaspillage. Or, il sagit, je le répète avec insistance, de donner à des milliers d'hommes une nourriture dont ils sont privés. La véritable musique existe chez nous à l'état sporadique parceque les artistes meurent de faim. Le matériel est roi : le spirituel végète.
[...]
Il faudrait voir mieux et plus loin qu'un "Mai" annuel et isolé : quand je vois les légions de jeunes qui fréquentent nos établissements scolaires, je me dis - avec preuves à l'appui - que leur éducation musicale est nulle. "Ils ont Aznavour et Brassens", me répondrez-vous ? J'affirme, pour ma part, qu'ils méritent mieux : quand les pouvoirs publics nous permettrons de leur offrir GRATUITEMENT la Neuvième de Beethoven, Le Messie de Haendel, ou le Te Deum de La Lande, ils respireront enfin l'air pur de sommets dont on leur a caché l'existence.
Je suis prêt, pour ma part, si l'on veut bien m'en donner les moyens matériels, à tenir le pari.
Chanoine Roussel
Extrait d'un article paru avant la deuxième édition du Mai Musical de Versailles en 1961
Versailles a vocation de capitale artistique. Louis XIV en a ainsi décidé. Certes les révolutions et autres tribulations survenues au cours des âges avaient quelque peu dispersé les témoignages de l'esprit. Des artistes, des chercheurs et des apôtres, tous guidés par la même foi, ont pénétré le secret et prouvé que la Versailles actuelle est héritière de tout ce qui fit le grand Siècle à l'immortel prestige...
Claironnant sur les mêmes harmonies, le Conseil Municipal avait décidé, on se rapelle, de créer une manifestation d'art étalée sur un mois : le Mai Musical était né...
Naissance difficile. Le temps manquait plus que les bonnes volontés. Un comité fut constitué sous la présidence de M. André Cadoret, maire-adjoint. Il comprenait MM. Martin du Gard, Belle, Theffo et Mme Perrin, conseillers municipaux, MM. Aubry, Corpus, Fabre, Gallois-Montbrun, l'Abbé Roussel et Mlle Elisabeth Brasseur, pour le monde des activités artistiques et vivantes de la cité. Tous apportèrent sans réserves leur précieuse collaboration au Secrétaire Général de la Mairie, M. Cavelier et n'en sortit que lorsque la dernière note du dernier concert percuta sur les coeurs de ceux qui l'applaudirent...
Qu'était donc ce Mai de Versailles dont on parlait à peine ? Ceux qui eurent le privilège de pouvoir y être conviés peuvent le dire à haute voix : cefut un régal pour tous ceux dont l'âme vibre aux échos du Grand Siècle éternel. Il y eut des concerts de musique religieuse à la Chapelle du Château et à la Cathédrale Saint-Louis... Il y eut une innovation en faisant fleurir l'harmonie et la magie des notes jusqu'aux voûtes de la Salle du Congrès au Château... Il y eut un concert extraordinairement beau au Théâtre de Cour Montansier... Tout cela reste gravé dans des programmes qui sont des chefs d'oeuvres signés de notre directeur de l'Ecole des Beaux-Arts, René Aubert, et dus à l'art de M. Dayot notre photographe...
Rapellons quelle part dans ce florilège prennent les professeurs de notre Ecole Nationale de Musique de Versaillles sous la conduite de Raymond Gallois-Montbrun, son directeur ! Et quelles autres parts prennent les chorales aux destinées desquelles président nos deux animateurs versaillais : Elisabeth Brasseur et l'Abbé Gaston Roussel !...
S'il n'y eut pas le succès des foules, au moins il y eut celui de la qualité artistique indiscutable, et qui nous servira de phare, pour que soient guidés vers le Mai Musical de 1961 ceux qui ont pour mission de répondre à l'appel de l'esprit et d'encourager la culture de cet esprit.
Le Mai 1960 est mort, vive le Mai 1961...
Extrait d'un article paru après le deuxième Mai Musical de Versailles de 1961
Ce fut de l'avis de beaucoup, l'une des plus belles affiches que l'on puisse présenter dans le domaine musical. Avec le Mozarteum de Salzbourg, l'orchestre radio-symphonique de la RTF et son chef Marcel Rosenthal, avec le pianiste Eric Heidsick, Gérard Soulay, Marie Bell, Maria Strader,mais aussi l'orchestre de chambre de Bernard Wahl, les choeurs d'Elisabeth Brasseur et ceux de la cathédrale sous la direction de l'Abbé Roussel, de grands noms et de merveilleux interprètes avaient pu être engagés pour ce deuxième Festival de Musique de Versailles.
Pour encourager le comité du Mai Musical et le Conseil Municipal à persévérer, et les Versaillais mélomanes à suivre cet effort, retenons quelques un des commentaires des critiques musicaux. Ils attestent de l'intérêt que l'on peut porter à ce qui se fait de beau et de valable en notre ville.
Pierrette Mari (Lettre françaises), "Le Mai de Versailles", qui honore également le théâtre dramatique, la musique sacrée, la musique de chambre et le récital, a réalisé avec Mozart à la Chapelle du Château, un moment de grand art dont on gardera le souvenir.
Clarendon (Le Figaro), "Le Mai Musical de Versailles" se clôture en beauté sur un récital de Gérard Souzay. Il a offert, cette année, un éclat et une variété remarquable.
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